Historiquement, les anciens membres de l'opposition, provenant notamment du secteur dit démocratique, se donnaient pour habitude de blâmer certains acteurs politiques : présidents, sénateurs, députés et ministres en fonction, tels Jean Bertrand Aristide, Joseph Michel Martelly, Youri Latortue, Joseph Lambert entre mille autres.
Cela a été aussi et est encore la même tendance à l’égard de la bourgeoisie commerçante dont on a fait, à l’instar, des précités, les principaux responsables des maux du pays. Aujourd’hui, les donneurs de leçon sont face à eux-mêmes et ont l'opportunité de prouver leur patriotisme en faveur d'Haïti. Mais on dirait qu’ils sont embourbés dans la quête de titres honorifiques individuels et de privilèges de clan au sein d'un prétendu Conseil de transition. Cette situation soulève des questions préoccupantes sur la véritable nature de cette transition.
Certes, l'impérialisme étranger a contribué de manière significative à la destruction de l'État et de la société haïtienne de 1990 à 2024, défendant avant tout ses intérêts économiques et géopolitiques. Cependant, le principal fléau d'Haïti réside en ses acteurs locaux, politiques et économiques, qui semblent peu concernés par la détresse des habitants du pays, en particulier ceux des départements de l'Ouest, du Grand Sud et du Grand Nord. Trop souvent, ces acteurs agissent comme des saboteurs de la paix, de la croissance économique et de la stabilité nationale.
Le spectacle désolant offert par les membres du Conseil Présidentiel, composé en grande partie d'anciens membres de l'opposition politique et de représentants des groupes d'intérêt du système social, témoigne clairement de leur incapacité à défendre les intérêts nationaux et à promouvoir le bien-être collectif. Leur volonté de perpétuer les inégalités sociales et la corruption, en usant de l'improvisation et de l'arrogance comme stratégies de communication, trouve malheureusement un écho dans les médias.
Face à cette crise généralisée, les jeunes et les professionnels intègres issus de tous les secteurs de la société haïtienne doivent s'engager activement dans les structures politiques, sociales et caritatives, tant en milieu rural qu'urbain. Ils doivent tenter d'enrayer l'exode des cerveaux tout en travaillant à réformer les organisations en conflit avec les aspirations nationales. Cette démarche favorisera l'émergence de nouvelles élites culturelles, économiques et politiques capables de prendre en main le destin de la nation haïtienne.
Il est impératif que le développement d'Haïti passe par la refonte des partis politiques, l'élaboration de programmes visionnaires et la formation politique de futurs dirigeants. De plus, une nouvelle classe d'affaires citoyenne, consciente de sa responsabilité sociale, et un système éducatif et universitaire axé sur la promotion de valeurs telles que l'honnêteté, la solidarité, le patriotisme et l'identité haïtienne dans un contexte mondialisé sont nécessaires.
Il est temps d'adopter une approche politique fondée sur de nouvelles valeurs environnementales, institutionnelles, politiques, scientifiques, éthiques et humaines, plutôt que sur la recherche de visibilité médiatique, la corruption, le népotisme et la médiocrité.
Nous lançons un appel solennel aux intellectuels haïtiens pour redéfinir l'orientation de la nouvelle Haïti. Ils sont nombreux, mais citons notamment les Professeurs Sauveur Pierre Étienne, Michel Soukar, Frédéric Gérald Chery, Eddy Laboussière, James Boyard, Himler Rebu, Augustin Nelson, Georges Eddy Lucien, Samuel Pierre, Michel Degraff, Renauld Govain, Alix René, Laennec Hurbon, Samuel Pierre, Jean Marie Theodat, Sony Laurole , Dieuseul Predelus , Evens Emmanuel, Daly Valet, Roberson Alphonse, Roosevelt Saillant (BIC),Jackson Joseph, Jean Fils Aimé, Suzy Castor, Ermion Pierre, Gusti Gaillard, Michèle Oriol, Sabine Lamour, Jean Marie Cayemite, Darline Alexis et Kiria Despinos, Franck Étienne entre autres.
Il est impératif d'abandonner les manœuvres politiques dilatoires, l'hypocrisie, le fanatisme et les intérêts de clan afin de restaurer l'espoir chez la jeunesse haïtienne. Malgré le désespoir actuel, nous devons reconnaître qu’Haïti est un pays riche, dirigé jusqu'à présent par des femmes et des hommes dépourvus de vision et de compétence, à quelques exceptions près.
Ayiti sou wout poul disparèt, nou gen obligasyon poun sovel.
Port-au-Prince, dans la nuit du 26 au 27 mars 2024.
Professeur Mibsam JEANNIS, Ph.D, Géographe -
Syndicaliste et membre de l'OPL ( Organisation du Peuple en Lutte ).
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